Davos : l’intelligence artificielle au coeur des préoccupations
L’intelligence artificielle a été la vedette incontestée du forum de Davos 2024. Le FMI y a dévoilé son rapport analysant l’impact de cette nouvelle technologie sur l’économie et la politique à l’échelle mondiale.
Rendez-vous au sommet pour inaugurer 2024. Littéralement, puisque du 15 au 19 janvier, 2800 hommes d’affaires, intellectuels et personnalités politiques se sont réunis dans les montagnes suisses à l’occasion du Forum Economique Mondial (FEM) aussi appelé Forum de Davos, sous la présidence de l’économiste allemand octogénaire, Klaus Schwab. Parmi les invités, plus de 60 chefs d’Etat ont participé à l’événement annuel autour du thème “Rebâtir la confiance et améliorer l’état du Monde”.
Cette année, l’agenda du FEM a consacré de nombreuses sessions aux problématiques liées à l’intelligence artificielle (IA) pour préparer le monde qui s’apprête dans l’ère de cette “4ème révolution industrielle”. Six ans après sa dernière participation, Emmanuel Macron a fait son retour au Forum pour représenter la France et l’Europe, mettant en avant la nécessité d’investissement dans le domaine de la défense, de l’économie verte mais aussi de l’intelligence artificielle. Il était accompagné de vingt PDG de start-ups de la French Tech, dont Mistral AI, la nouvelle licorne française, concurrente européenne et version open source d’Open AI (maison mère de ChatGPT, détenue à 49% par Microsoft).
L’intelligence artificielle inquiète
Le baron de l’IA, Sam Altman, PDG d’Open AI, était aussi présent. Sans pour autant dissimuler son ambition de développer une IA générale (ou IA forte, ayant réussi à égaler voire dépasser l’humain, dont la définition est encore floue), il invite les dirigeants à prendre conscience des enjeux et des risques. “C’est une technologie très puissante et on ne peut pas dire avec certitude ce qu’il va se passer. Ne pas être prudent et ne pas saisir la gravité des enjeux serait une erreur”, a-t-il expliqué.
Le développement et l’importance de l’IA dans nos sociétés modernes inquiètent même… le premier ministre chinois, Li Qiang. Malgré son expertise autour du contrôle social et de la surveillance de masse pratiquée en Chine, il a enjoint Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à réguler l’intelligence artificielle au niveau mondial. “Il s’agit d’une arme à double tranchant. Il y a des lignes rouges à ne pas franchir en matière d’éthique et de sécurité”, a-t-il prévenu lors de son allocution.
Le FMI au rapport : GEN-IA
Le Fonds Monétaire International (FMI) a pour sa part profité du FEM pour partager un rapport assez inquiétant, titré “Gen-AI : l’intelligence artificielle et l’avenir du travail”. Selon les experts, malgré l’incertitude des conséquences de l’implémentation de l’IA, il est fort probable que son ampleur soit comparable à l’utilisation généralisée de l’électricité au XIXème siècle, à la fois sur le plan économique, politique et par sa polyvalence. Les gains de productivité liés à l’IA sont estimés par IBM à 4000 milliards de dollars dans le monde. Son incidence devrait concerner environ 60% des métiers dans les pays développés, conduisant à une adaptation de nombreux emplois, notamment dans le secteur du tertiaire. “Les femmes, avec leur forte présence dans le secteur des services, et les travailleurs hautement qualifiés, généralement employés dans des professions exigeant une grande capacité cognitive, sont plus exposés à l’IA” écrivent les experts du FMI. “Il faut identifier les nouvelles compétences et celles qui vont devenir obsolètes. La transférabilité des compétences et la mobilité interne sont des enjeux cruciaux pour l’adaptation du marché de l’emploi à l’évolution technique. Il faut s’assurer que vos employés restent ‘pertinents’ et employables”, prédit Denis Machuel, directeur général d’Adecco, lors de la conférence The Race to Reskill (La course à la reconversion) à Davos. Selon Goldman Sachs, environ 300 millions d’emplois pourraient complètement disparaître à l’échelle mondiale.
Ces changements abrupts et à large échelle de nos sociétés doivent être abordés avec la plus grande précaution pour conserver un climat de paix. “Pendant la transition, le déplacement d’emplois et les changements dans la répartition des revenus pourraient avoir des implications importantes sur l’économie politique. L’histoire montre que les pressions économiques peuvent conduire à des troubles sociaux et à des demandes de changement politique. Assurer la cohésion sociale est primordial.” alertent les experts dans le rapport Gen-AI.
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Photo à la Une : Sam Altman à Davos ©Fabrice Coffrini
Curieuse et dynamique, Lhou Lagrange est constamment à la recherche de nouvelles aventures. Elle s’intéresse principalement aux nouvelles technologies, aux sciences sociales et à la géopolitique pour décrypter les tendances sociétales et rester agile. D’une âme polyvalente, elle combine ses connaissances et ses compétences pour servir sa jeune plume.