Petite histoire du luxe Blancpain revisite sa Fifty Fathoms, symbole historique de la lutte contre la radioactivité
La maison d’horlogerie Blancpain réinterprète sa célèbre montre de plongée des années 60, la Fifty Fathoms qui, déjà à l’époque, s’engageait contre la radioactivité.
Le garde-temps Fifty Fathoms fait partie de ces montres historiques, reconnaissables au premier regard, et lourdes de symbolisme. En effet, cette iconique montre de plongée s’offre une nouvelle jeunesse, dans un modèle plus reconnaissable encore que le premier. Ce modèle est revisité par Blancpain en 2021 et intitulé “Tribute to Fifty Fathoms No Rad”.
La nouvelle montre Blancpain arbore sur son cadran un disque jaune et rouge, symbole de la radioactivité découverte en partie par Henri Becquerel en 1896, puis appronfondie par Pierre et Marie Curie en 1898, avec la découverte de deux éléments radioactifs encore inconnus, le polonium et le radium. C’est Marie Curie qui donne un nom à ce phénomène physique: la radioactivité, nom issu du latin radius qui signifie rayon. Son symbole, reconnaissable entre mille, est barré d’une croix noire et porte l’inscription “No radiations”.
Pour comprendre l’histoire de ce modèle, il faut revenir aux prémices du modèle original, dévoilé 70 ans plus tôt. C’est aux premières lueurs des années 1950 que débute le fascinant récit de la Fifty Fathoms de Blancpain. Le monde entier soigne lentement les blessures infligées par la Seconde Guerre mondiale, et en matière d’horlogerie, les modèles étanches et résistants à la pression sous-marine sont alors très rares, et réservés à un usage militaire.
Pourtant, dans ce climat d’après-guerre, les populations sont en quête de découvertes et de nouveaux horizons, favorisant l’émergence d’un nouveau sport: la plongée de loisir. Les seuls équipements de plongée disponibles datent alors de 1930, et ne sont pas adaptés à un accès tout public de ce nouveau sport.
Jean-Jacques Fiechter, directeur général de la manufacture Blancpain, intervient alors. Lui-même très intéressé par la plongée sous-marine, il ne trouve aucune montre adaptée à la pratique de ce sport. Il se donne alors le défi de concevoir une montre étanche, qui résiste à la pression exercée par les grandes profondeurs, dotée d’une lunette tournante simple d’utilisation. Le directeur général de Blancpain souhaite une lunette bidirectionnelle munie d’un système de blocage pour éviter tout dérèglement accidentel.
Pour éviter le risque d’infiltration d’eau dans la couronne, Jean-Jacques Fiechter a recours à un double joint torique et en dépose le brevet. En raison des manipulations fréquentes que le système d’étanchéité de la couronne, breveté par Blancpain, impose, il opte pour un mouvement automatique. Enfin, il y ajoute un double fond antimagnétique pour renforcer la fiabilité du modèle, ainsi qu’un triangle lumineux pour assurer une visibilité dans les profondeurs sombres des océans. Avec un choix de cadran sobre et un bracelet en nylon tressé et plastique “tropic”, la Fifty Fathoms est née.
Baptisée Fifty Fathoms car étanches à 50 brasses (91 mètres), la montre de Blancpain intéresse Robert Maloubier, un capitaine de la marine nationale française, chargé de trouver une montre adaptée aux futures missions sous-marines de son équipage. L’officier rencontra Jean-Jacques Fiechter à Blancpain, dans la ville de Villeret, en Suisse, et lui commanda 20 exemplaires afin d’effectuer des tests. C’est ainsi que le 27 juillet 1953, la première Fifty Fathoms plonge dans les eaux de la Méditerranée. et conquis tout l’état major français. Plusieurs centaines d’exemplaires furent commandés, et plusieurs forces maritimes d’autres nations s’empressèrent de s’équiper, elles aussi, de la Fifty Fathoms.
Mais, en 1960, l’élément radioactif découvert par Marie Curie, le radium fut déclaré nocif pour la santé. Or, le radium était alors grandement utilisé dans le milieu horloger, et notamment pour ses propriétés luminescentes. Pour avertir ses clients que son modèle avait été façonné sans radium, un élément désormais prohibé, Jean-Jacques Fiechter décida d’ajouter le symbole de la radioactivité et de le barrer d’une croix noire et de l’inscription “No radiations”.
Ce modèle précis, la Fifty Fathoms RPG 1, plus connu sous le nom de “BUND No Rad” équipe la division de plongée de la marine allemande au milieu des années 1960. Aujourd’hui, Blancpain rend hommage à ce garde-temps historique à travers sa réédition “Tribute to Fifty Fathoms No Rad”, qui est disponible en 500 exemplaires uniquement. On retrouve le cadran noir mat initial, orné de ses formes géométriques oranges, oscillant entre ronds, rectangles ou encore losanges (à 12 heures). Les index, graduations et aiguilles sont équipés de la technologie Super-LumiNova “old radium”, offrant ainsi une visibilité infaillible. Le modèle réédité propose un juste milieu entre le style original de la Fifty Fathoms et des modifications plus contemporaines, comme son profil bombé et l’insert de saphir.
Son boîtier est désormais étanche à 300 mètres, et possède un diamètre de 40,3 mm. Doté d’un mouvement automatique, le calibre Blancpain 1151 qui propose jusqu’à quatre jours de réserve de marche. “Le remontage des deux barillets s’effectue par le biais d’un rotor doté d’une ouverture en forme de cartouche, un clin d’œil à certains garde-temps historiques de la collection, dont la toute première Fifty Fathoms. Aujourd’hui atypique, ce détail servait autrefois à assouplir la masse oscillante afin de préserver le mouvement en cas de choc”, ajoutent ses concepteurs.
Cette réédition d’une pièce de collection Fifty Fathoms de la maison d’horlogerie Blancpain, est disponible sur demande via le site internet Blancpain, en édition très limitée pour un prix de 13,180€.
Lire aussi > PETITE HISTOIRE DU LUXE: L’ASSASSINAT DE MAURIZIO GUCCI
Photo à la Une : © Blancpain
[EN] CLAIRE DOMERGUE, A SPECIALIST IN COMMUNICATION IN THE LUXURY SECTOR, HAS SURROUNDED HERSELF WITH EXPERTS TO CREATE THE FIRST MEDIA DEDICATED TO THE ECONOMIC NEWS OF LUXURY AND FASHION. THE LATTER DRAWS THE ATTENTION OF ITS READERS TO ALL THE MAJOR PLAYERS IN THESE SECTORS WHO SHARE THEIR EXPERIENCES, VISIONS AND KNOW-HOW. MORE THAN A SPECIALIZED WEBZINE, LUXUS PLUS IS A MULTI-SECTOR INFORMATION SYSTEM, WHICH HAS BECOME THE REFERENCE MONITORING TOOL FOR LUXURY AND FASHION PROFESSIONALS. OUR NEWSLETTERS CONTRIBUTE TO MAKE OUR READERS AWARE OF THE CHANGES AFFECTING THE LUXURY INDUSTRIES. THANKS TO AN INCREASED WATCH AND AN EXCELLENT KNOWLEDGE OF THE SECTOR, WE ARE INTERESTED IN THE MAIN ECONOMIC AND TECHNOLOGICAL STAKES OF FASHION, FINE WATCHMAKING, JEWELRY, GASTRONOMY, COSMETICS, PERFUMES, HOTELS, PRESTIGIOUS REAL ESTATE...********[FR] Claire Domergue, spécialiste de la communication dans le secteur du luxe, s’est entourée d’experts pour créer le premier média consacré à l’actualité économique du Luxe et de la mode. Ce dernier attire tout particulièrement l’attention de ses lecteurs sur l’ensemble des acteurs majeurs de ces secteurs qui y partagent leurs expériences, visions et savoir-faire. Plus qu’un webzine spécialisé, Luxus Plus est un système d’information multi-sectoriel, devenu l’outil de veille de référence pour les professionnels du luxe et de la mode. Nos newsletters de veille contribuent en effet à sensibiliser nos lecteurs aux mutations qui touchent les industries du luxe. Grâce à une veille accrue et à une excellente connaissance du secteur, nous nous intéressons aux principaux enjeux économiques et technologiques de la mode, la haute horlogerie, la joaillerie, la gastronomie, des cosmétiques, parfums, de l’hôtellerie, l’immobilier de prestige…