Après une attaque contre l’ambassade d’Iran à Damas début avril, Israël a été visé par une riposte de l’Iran dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril. Les tensions se sont intensifiées, entraînant des réactions internationales et des craintes quant à une escalade potentielle.
Après les mises en garde de Washington pour créer un couloir humanitaire dans la bande de Gaza, Israël avait frappé le 1er avril l’ambassade d’Iran à Damas, en Syrie, tuant 16 personnes. Les représailles de l’Iran ne se sont pas fait attendre. Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l’Iran a lancé une attaque de drones et missiles sur l’État Hébreux.
La tension était montée les jours précédant l’attaque. Dans la journée du samedi 13 avril, Israël annonçait que les écoles seraient fermées le dimanche, premier jour de la semaine en Israël, pour des raisons de sécurité. L’État israëlien fermait également son espace aérien dès 00 h 30.
Joe Biden a écourté son week-end dans sa résidence familiale pour des raisons similaires. L’équipe du président américain a annoncé qu’il retournait « à la Maison Blanche »‘ l’après-midi du samedi « pour consulter son équipe de sécurité nationale sur les événements au Moyen-Orient ».
La situation s’était encore aggravée samedi lorsque l’Iran a saisi le porte-conteneurs MSC Aries près du détroit d’Ormuz, l’une des voies maritimes les plus fréquentées par la marine marchande. Les autorités iraniennes n’ont cependant pas précisé si cette opération était liée à leurs récentes menaces de représailles.
« Nous condamnons fermement la saisie par l’Iran dans les eaux internationales du MSC Aries, battant pavillon portugais et sous propriété britannique. Nous appelons l’Iran à libérer immédiatement ce navire et son équipage, composé d’Indiens, de Philippins, de Pakistanais, de Russes et d’Estoniens », a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américaine, Adrienne Watson.
Jusqu’à présent, l’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, s’est appuyé sur des groupes terroristes alliés – le Hamas, le Hezbollah libanais, voire les rebelles houthis au Yémen – pour cibler ses adversaires par procuration et éviter des représailles. Il s’agit d’un changement de stratégie conséquent. Dans deux messages publiés durant la nuit sur X, l’Iran a invoqué l’article 51 de la charte des Nations unies sur « la légitime défense ». Sa mission à l’ONU critique « l’inaction et le silence du Conseil de sécurité, couplés à son incapacité à condamner les agressions du régime israélien ».
L’Iran a ainsi lancé plus de 300 drones et missiles sur Israël dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024, constituant ainsi la première attaque directe de la République islamique contre le territoire israélien. Selon les autorités israëliennes, l‘attaque a mobilisé trois types d’engins : les drones Shahed-136, les missiles de croisière et les missiles balistiques. Environ 170 drones, une trentaine de missiles de croisière et environ 120 missiles balistiques ont été déployés lors de cette attaque.
Simultanément, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont mené des attaques anti-israéliennes. Le Hezbollah a tiré deux salves de roquettes en quelques heures sur le Golan, territoire occupé par Israël, tandis que les Houthis ont lancé des drones en direction du territoire israélien.
Peu avant 02 h 00 dimanche matin, Jérusalem a été secouée par une série de détonations, tandis que des images de lumières rouges et jaunes illuminant le ciel ont été partagées sur les réseaux sociaux.
L’attaque iranienne, baptisée « Promesse honnête », a été confirmée par l’agence Irna vers 03 h 20 dimanche. Les Gardiens de la révolution ont revendiqué l’opération, affirmant avoir visé des cibles spécifiques. Bien que des missiles iraniens aient atteint le territoire israélien, ils n’ont causé que des dégâts mineurs, sans faire de victimes. Les forces américaines présentes dans la région ont assisté Israël en abattant la plupart des drones et missiles iraniens.
Les iraniens affirment que l’attaque a été un succès tandis que les israëliens expliquent l’avoir déjouée. Aucun drone ni missile « n’a pénétré le territoire d’Israël », a assuré le porte-parole de l’armée, affirmant avoir intercepté « 99 % des tirs ». « Avec les États-Unis et d’autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l’État d’Israël », a ajouté le ministre de la Défense Yoav Gallan.
Téhéran explique avoir touché deux sites stratégiques israéliens. Les autorités iraniennes affirment avoir infligé « de sérieux dégâts » et avoir mis « hors service » deux sites de l’armée israélienne : un centre de renseignement et la base aérienne d’où les avions de Tsahal auraient décollé pour frapper les intérêts iraniens le 1er avril. Cependant, ces dommages semblent insuffisants pour qualifier cette action de succès militaire.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a toutefois menacé Israël d’une réaction « plus forte ». « La punition de l’agresseur s’est réalisée », s’est-il félicité, ajoutant que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive ».
La nuit de l’attaque, la réaction régionale a été immédiate avec la fermeture de l’espace aérien par la Jordanie, le Liban et l’Irak, ainsi que la mise en état d’alerte maximal des défenses aériennes égyptiennes. L’Arabie saoudite a appelé à la retenue de toutes les parties.
Une fois cette riposte achevée, Téhéran a déclaré vouloir en rester là. « L’affaire peut être considérée comme close », tandis qu’un haut gradé affirme que son pays n’a « aucune intention de poursuivre cette opération ».
La communauté internationale a multiplié les réunions ces derniers jours pour analyser la situation. Au-delà des Nations Unies, les dirigeants du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) doivent notamment se parler en visioconférence. Le gouvernement britannique a par ailleurs annoncé l’envoi de renforts militaires au Proche-Orient pour intercepter toute attaque aérienne si nécessaire, tandis que Paris et Berlin ont condamné l’attaque iranienne, exprimant leur inquiétude quant à une escalade régionale. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a discuté avec le président américain Joe Biden, qui a réaffirmé le soutien inébranlable des États-Unis à Israël.
Le président Biden a lui-même affirmé que les États-Unis avaient soutenu Israël dans l’interception de la plupart des tirs grâce à des avions et des destroyers déployés au Moyen-Orient la semaine précédente. Selon des sources américaines, il a toutefois averti le Premier ministre Benjamin Netanyahou que les États-Unis s’opposeraient à toute attaque israélienne contre l’Iran. Pour lui, « Israël a gagné » et « il est hors de question de s’engager maintenant dans une escalade ».
« Il y a une retenue évidente du côté de l’Iran dans le type d’attaque dont il savait très bien qu’Israël avait tous les moyens de la parer. Il n’y avait aucune volonté d’escalade du côté de l’Iran qui n’y a d’ailleurs aucun intérêt », estime Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po et spécialiste des relations internationales.
Toutefois, des responsables américains ont exprimé à NBC leur inquiétude quant à une réaction impulsive d’Israël face à l’Iran, sans évaluer les conséquences. En effet, selon le New York Times, une source israélienne a mentionné qu’Israël coordonnerait sa riposte à l’attaque iranienne avec ses alliés.
Pendant ce temps, le ministère israélien des Affaires étrangères a envoyé des directives aux ambassades à travers le monde, qualifiant l’attaque iranienne d’ « événement sans précédent » et appelant à des déclarations internationales condamnant l’action de l’Iran.
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